Charlotte est une jeune fille de taille moyenne, menue et au physique plutôt sportif. Elle peut paraître au premier abord plutôt frêle et faible mais ça, c'est seulement si on a pas remarqué du premier coup d'oeil que c'est une fille. Car oui, si elle avait été réellement un garçon, elle aurait été bien gringalet. Elle dissimule le plus souvent sa tignasse de cheveux châtains clairs sous une gavroche et porte la plupart du temps des vêtements réservés aux jeunes garçons comme des culottes courtes attachées de bretelles, des vestes de lainage passées sur des chemises aux manches retroussées, des godasses de cuir dont les chaussettes dépassent... Mais vu qu'il est de plus en plus difficile de cacher son genre à ceux qu'elle rencontre (et qu'elle n'a plus besoin de le faire...), elle commence à porter des vêtements féminins.
Son visage, qui était androgyne avant le terrible passage de l'adolescence, est maintenant plutôt harmonieux. Ses grands yeux bordés de longs cils noirs sont singuliers : Ils comportent une partie azur fondu avec le reste de l'iris majoritairement noisette. De minuscules tâches de rousseur à peine visible parsème l'arête de son nez, qui est fort joli d'ailleurs.

Charlotte a mauvais caractère. Elle est méfiante, insolente, et parle peu. Elle possède une sorte de haine, de colère dans le regard qui ne l'a jamais quitté depuis voilà quelques mois. Capable du pire comme du meilleur, elle est imprévisible. Elle ne supporte pas l'autorité et elle n'obéit que rarement. Elle écoute ceux qu'elle estime être dignes de respect. Jusqu'à là, une seule personne a su trouver grâce à ses yeux...

Il y a de cela 17 ans naquit une petite fille dans la très honorable famille Black. Un petit bébé en pleine forme et plein de vitalité, qui fût choyé et chouchouté dès les premières heures de sa vie. Sa mère et son père lui voyaient déjà un avenir radieux et les domestiques ne cessaient de s'extasier sur sa beauté infantile. Chacun était secrètement ravi que les cris et les rires d'un enfant allait enfin égayer l'austère manoir de la famille Black, perdu en pleine campagne anglaise. Et comme ils furent nombreux, ces cris et ces rires d'enfant durant trois ans ! Comme les domestiques furent heureux de voir déambuler dans les mornes couloirs un petit bambin au sourire facile qui adorait se cacher dans les tristes rideaux.
Mais tout cela prit fin un soir où affolée, Catherine Black vint trouver sa fille dans son adorable petit lit, l'en sortit sans ménagement et partit avec elle pour Londres, sans même prendre le temps de la vêtir décemment pour une sortie. L'enfant s'inquiétait et se mit à pleurer dans la voiture qui les menait à la capitale britannique. Sa mère la rassura, caressant du bout des doigts l'étrange pierre bleutée que la fillette portait autour du cou et qui auparavant restait à ses côtés dans une petite pochette de cuir attachée à la ceinture. Tout allait bien se passer.
Tout ne se passa pas bien.
Quelqu'un avait parlé et Catherine était attendu devant l'hôtel où elle devait se cacher. Et ce n'était pas n'importe qui qui l'attendait.

C'était l'homme qui avait tué son mari.

Catherine ne connaissait pas son nom mais savait pertinemment ce que celui-ci voulait.  

La pierre de lune que Charlotte portait au cou.

Le jour de sa naissance, son père, joaillier reconnu, reçu la visite d'un riche client qui souhaitait transformer une fort jolie pierre en une bague immense. Beaucoup d'argent était en jeu et il promit qu'il ferait de son mieux pour satisfaire la demande du mieux qu'il le pouvait.
Appelé en urgence auprès de sa femme qui avait perdu les eaux, il partit en coup de vent, la mystérieuse pierre blottie dans son écrin de velours rouge au fond de sa poche.
Lorsqu'il arriva, une triste nouvelle l'accueillit. Lady Black se fatiguait plus que la normale et le bébé tardait à venir. Le médecin avait été prévenu mais nul ne savait quand il serait là. Les sages femmes étaient désemparées et toutes pensaient qu'une césarienne serait la bienvenue.
Mais les minutes passèrent et le médecin n'arrivait toujours pas. Du mieux qu'elles le purent les trois sages femmes présentes réussirent à mettre l'enfant au monde mais celui ne cria pas. Il ne bougeait même pas Son père se précipita alors sur lui et l'arracha presque des bras de la plus jeune des sages femmes. Pourquoi diable ce bébé ne voulait-il pas pleurer ? Il fallait qu'il pleure, qu'il montre ne serait-ce qu'un signe de vie...

Une faible lumière bleutée attira l'attention du jeune père. Cela provenait de sa poche. Son enfant dans les bras, il sortit l'écrin et l'ouvrit.

Une explosion de lumière éclaira la pièce en même temps qu'un cri d'enfant retentit.  

La pierre de lune avait choisi Charlotte.

Catherine Black était une sorcière et chaque sorcière se voit choisie et rattachée dès son plus jeune âge à un objet que jamais elle ne devra quitter au cours de sa vie, sinon quoi elle se verra subir une mort prématurée.

Choisie par la pierre de lune, Charlotte venait donc de démontrer à tous qu'elle était elle aussi une sorcière.

Et que les ennuis commençaient pour la famille Black.

Ce n'est pas chose aisée que d'annoncer à un parrain de la mafia russe que la pierre qui devait sertir la bague de fiançailles de sa future femme avait été volée. Alexander promit de rembourser la valeur de la pierre en son intégralité en moins de trois ans. Il mit l'intégralité de la fortune de leur famille en acompte de 10%, ne comptant que sur son travail de joaillier pour entretenir sa femme, sa fille, ses serviteurs et son manoir, ce qui était évidement bien peu.

Beaucoup partirent chercher un meilleur employeur et ceux qui restaient étaient soit très loyaux, soit qu'ils étaient sûrs de ne pas trouver de travail s'ils partaient.

C'était le cas de la vieille femme de chambre qui trahit la famille Black. Trop vieille pour pouvoir se faire ré-employer mais trop cupide pour rester fidèle, elle était malheureusement l'une des rares personnes au courant de la vérité sur la pierre et dénonça le pot aux roses.

Et deux jours après avoir été dénoncé, Alexander fût retrouvé mort dans son atelier, une balle fichée entre les deux yeux. Catherine eût à peine le temps d'être prévenue que déjà, les mafioso était en route en direction de leur manoir. La pauvre jeune veuve et son enfant se voyaient contraintes de fuir leur demeure de toute urgence et de quitter le pays au plus vite.

Malheureusement, Catherine ne quitta jamais l'Angleterre. Lorsque dans la voiture, elle vit qu'elle était attendue à l'hôtel où elle devait passer la nuit, elle cacha Charlotte sous la banquette du siège avant. L'enfant ne pleura pas, comprenant que quelque chose de grave se passait. A peine Catherine fût sortie de la voiture qu'une balle l'atteignit en plein coeur. En entendant le coup de feu, le chauffeur déguerpit à fond de cale, emportant avec lui Charlotte. Il ne s'arrêta qu'une fois arrivé dans l'East End, quartier le plus malfamé de Londres. Ne sachant que faire de Charlotte, il la confia à une ancienne nourrice de sa connaissance qui s'occupait de tant à autres d'orphelins. Elle accepta Charlotte sans mot dire.

Jusqu'à ses 6 ans, Charlotte fût nourrie et logée par Annabeth, celle qui l'avait recueilli. Elle chassa Charlotte lorsqu'elle apprit qu'elle avait contracté une violent tuberculose. La pauvre enfant ne sut ce qui lui arrivait, ce qu'elle avait de mal pour finir à la rue. Sans qu'elle ne le sache jamais, Annabeth lui avait en fait sauvé la vie. La pauvre femme mourut en quelques jours, foudroyée par la maladie.

Charlie erra durant des semaines, quémandant à manger à qui voulait l'entendre. Un jour, elle faillit se faire kidnapper par des receleurs d'enfant mais un gamin de 13, 14 ans la sauva.

Le gamin se révéla être une gamine. Triste d'avoir perdu l'une de ses sœurs à cause d'un de ces receleurs, elle prit Charlotte sous son aile, et celle-ci avait dorénavant des règles à suivre.

Elle ne devait plus porter de vêtements de filles. Les garçons survivaient mieux dans la rue que les filles, alors elle devait être un garçon et se comporter comme tel. Avant, le nom de la gamine était Johanna. Maintenant, tout le monde l'appelait Joe et disait "il".

Il fallait dire adieu à Charlotte et apprendre à survivre dans la rue en tant que garçon.

Ainsi naquit Charlie Black, pickpocket, mendiant et voleur à l'étalage.

Charlie était un garçon chétif mais bagarreur et avec ça, il avait mauvais caractère. Il survécu donc très à l'univers hostile de l'East End.

Jamais on ne découvrit la vérité à son sujet.

Jusqu'au jour où une étrange personne lui révéla qui elle était réellement et pourquoi elle était orpheline.
Petite, elle avait toujours demandé où étaient ses parents, qui ils étaient. Elle n'avait presque pas de souvenirs d'eux, juste leurs visages et encore, flous.
Lorsqu'elle apprit comment ses parents perdirent la vie, Charlotte devint folle de rage et de douleur. Mort depuis longtemps, le mafioso ne pouvait plus lui faire aucun mal et elle était libre de redevenir l'héritière d'une noble famille. On lui proposait même d'entrer dans une sorte d'école qui prendrait soin d'elle, sans qu'elle ne débourse le moindre sou. Lorsqu'elle demanda pourquoi, la réponse qu'elle obtint la frappa de plein fouet.

Parce qu'elle était une sorcière. Et c'était la seconde partie de la vérité qu'elle devait savoir.

Pourquoi ses parents avaient péri.

Elle avait toujours su qu'il y avait quelque chose de louche avec elle, mais elle ne s'était pas attendue à ça. Ses parents étaient mort à cause d'elle. A cause de la pierre qu'elle portait au cou depuis toujours. On la rassura et on lui dit qu'elle avait été beaucoup aimée, que ses parents seraient fiers qu'elle entre dans l'école qu'on lui proposait. Désemparée et folle de chagrin, Charlotte accepta la proposition d'un coup de tête.

Et c'est ainsi qu'elle atterrit au pensionnat de Moutain's Crows, une bien étrange ville...

(Pardon si y'a des fautes, je relirais plus tard p_p)